L’éruption volcanique à la Palma, le réveil du Cumbre Vieja
Après plusieurs jours d’intenses secousses sismiques, près de 7000 enregistrées, le volcan Cumbre Vieja situé sur les hauteurs du village de Todoque, au sud de l’île, est entré en éruption ce dimanche 19 Septembre 2021, dans l’après midi.
La dernière éruption sur l’île de La Palma remontant à cinquante ans, presque jour pour jour, c’était en Octobre 1971 avec le volcan Teneguia.
Une éruption de type strombolien qui a entrainé de fortes coulées de lave et qui a conduit les autorités à évacuer prés de 6000 personnes, en lieu sûr, dès le début du phénomène. Dès les premières heures, les dégâts sont déjà impressionnants et de nombreuses maisons sont emportées irrémédiablement, sur le passage de cette lave qui s’écoule à une vitesse plus au moins rapide, jusqu’à 700 mètres par heure, au début du phénomène.
Pourquoi l’eruption volcanique à la Palma était elle prévisible ?
Tout a commencé le 11 Septembre, lorsque les premières secousses sismiques sont ressenties au Sud-Est de l’île. Si les premières mesures sont enregistrées à des profondeurs de 20 kilomètres sous l’écorce terrestre, au fil des heures et des jours, la situation évolue et les épicentres sont enregistrés jusqu’à seulement 100 mètres de profondeur. Dès lors, pour les spécialistes, tout laisse à croire que du magma est en train de remonter rapidement et qu’une éruption est imminente. D’autant plus que dans la matinée de dimanche, des dernières mesures enregistrés par les scientifiques révèlent que l’ile s’est soulevée de 15 centimètres, par rapport à son niveau habituel. Un signe supplémentaire de la présence de ce magma.
Pourquoi l’éruption se produit t’elle à ce point de l’île ?
L’île de La Palma est, d’un point de vue géologique, de formation jeune avec seulement deux millions d’années d’existence, bien que son socle sous-marin remonte, lui, à quatre millions d’années. La Palma est surtout caractérisée par deux zones bien distinctes, le nord avec des roches et formations plus solides et la zone sud plus jeune, plus instable et toujours en formation. C’est d’ailleurs là que se sont produites les deux précédentes éruption des volcans San Juan et Teneguia. En faisant la randonnée dite de la « Ruta de los volcanes » on comprend bien que ce versant sud de l’île est constitué d’une superposition de couches de laves et donc de matériaux plus instables, propice en l’absence de volcan unique, à des bouches éruptives diverses.
Combien de temps peut durer cet eruption volcanique à la Palma?
Difficile bien sûr de savoir avec précision la fin de l’éruption du Cumbre Vieja, mais si on se réfère aux précédents épisodes volcaniques qu’ont connu les Canaries, ce type d’éruption réunie les conditions d’intensité et de volume de magma pour durer plusieurs semaines, voir plusieurs mois. Le volcan Teneguia avait connu en 1971 une éruption qui dura plus de trois semaines et le volcan Tagoro sur l’île de El Hierro avait, lui une dynamique qui dura cinq mois.
Où en est -on après quatre jours du phénomène ?
Prés de 400 maisons ont été emportées et réduites en poussières par la lave. Il n’y a pas, à l’heure où nous écrivons ces lignes, de nouvelles évacuation prévues, bien que la lave continue son chemin en direction de l’Océan Atlantique. L’Institut géographique national espagnol qui avait, dès le début des secousses sismiques, déployé des spécialistes et du matériel de pointe, a modélisé la trajectoire possible des coulées de lave afin de « contrôler » au mieux ce phénomène éruptif.
D’ailleurs, ce mercredi après midi, des travaux d’excavation, avec de puissantes pelleteuses, ont été entrepris par les unités de secours, afin de canaliser la coulée principale vers un barranco et éloigner ainsi le danger pour des habitations situées sur son trajet. A l’heure actuelle le phénomène est donc toujours en forte évolution avec neuf bouches éruptives qui ont été recensées, le long de deux fissures et de nouvelles bouches éruptives qui sont à craindre. Les prochaines heures seront donc cruciales, d’autant plus que cette zone de Los Llanos de Aridane est la plus peuplée de l’île, elle compte plus de 20 000 habitants et de nombreuses cultures.
Enfin, cet après midi, pour rajouter aux craintes, un tremblement de terre d’une magnitude de 2,2 sur l’échelle de Richter a été enregistré sur l’île de Gran Canaria, avec un épicentre situé au nord à une profondeur de 15 kilomètres. C’est donc toutes les îles occidentales de l’archipel des Canaries qui se retrouvent ce soir « sous pression » de ce phénomène éruptif.
Vous pouvez suivre l’avancée de la lave, grace à l’outil interactif mis à disposition par l’institut géographique national d’Espagne en cliquant ici
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