Incendies de La Gomera, trois mois après, quel impact sur les randonnées ?
Incendies la Gomera. L’actualité de l’été 2012 n’a pas manqué d’attirer l’attention de toutes celles et ceux qui s’intéressent à la destination Canaries et en particulier les passionnés de randonnée en partance pour la Gomera.
Le Parc national de Garajonay a été le théâtre de violents incendies qui ont ravagé de nombreux hectares sur les versants sud de l’île et menacé « El Monte Verde », la forêt de laurisilva, véritable richesse de l’île. Des évacuations par mer de population depuis Valle Gran Rey, un temps cernée par les flammes, ont même eu lieu.
Les télévisions ont relayé en boucle des images toujours spectaculaires de la progression du feu la nuit et présenté des cartes non moins spectaculaires des surfaces brûlées.
Mais, comme souvent, avec les medias de grande audience, amplification et catastrophisme font partie de l’information. La Gomera a souffert donc de cette image négative et apparaît aujourd’hui sur certains sites internet et forums comme une destination sinistrée à éviter et la saison touristique d’hiver s’en ressent ici, avec moins de marcheurs notamment.
Alors qu’en est-il réellement sur le terrain, trois mois après le passage du feu ?
Tout n’est pas noir.
Bien sûr il n’est pas question ici de minimiser la situation, les incendies ont été graves, probablement les plus graves qu’ai connu l’île depuis des décennies et ils ont marqué durablement la population.
Mais de là à présenter la Gomera comme un « caillou noir », il y a exagération et interprétation.
Tout d’abord, il faut avoir présent à l’esprit que le feu n’a pas atteint le versant nord de l’île, le cœur même de la fameuse forêt millénaire et que les sentiers de ces secteurs sont parfaitement praticables, depuis la vallée de Hermigua, jusqu’à celle de Vallehermoso. Je viens de les parcourir en tous sens durant près de dix jours avec autant de plaisir que mes précédents voyages et il a fallu attendre l’arrivée sur les crêtes de la Merica, sur les hauteurs de Valle Gran Rey pour apercevoir les premières terres calcinées, sur les hauteurs des villages de Las Hayas et de Chipude.
C’est donc sur les versants sud que l’incendie a progressé et c’est d’ailleurs sur ce versant que les 2 foyers ont été allumés.
A l’observation du terrain, on peut donc déjà affirmer que les fameuses cartes catastrophiques présentées par les médias et reprises par certains internautes pour avancer des chiffres fantaisistes sur des pourcentages de terres brûlées sont fausses. En effet, ce qui frappe à l’observation est que sur le périmètre, même du passage du feu, les dégâts ne sont pas homogènes. Au gré des versants, des falaises, des barrancos, du type de végétation et aussi de l’action de défense des hommes et des bombardiers d’eau, des « poches vertes » apparaissent de ci de là dans le paysage au milieu de zones calcinées.
De nombreuses zones épargnées, qui impactent aujourd’hui d’autant moins et qui constituent, trois mois après le passage du feu, des zones de régénérations et de stabilisations des sols.
La nature … des capacités incroyables !
Côté végétation et avec l’arrivée des pluies tant attendues, le vert est de partout en action. Les palmiers conservent bien sur leur tronc noirci, mais les feuilles vertes sont déjà de retour, idem pour les pins canariens qui débutent de ci de là leur régénération. Dans les barrancos même constat, les cactées repoussent rapidement, reverdissent le paysage et surtout stabilisent les sols, dans ces secteurs de très fortes pentes. La situation est plus difficile dans le faya- brézal, c’est-à-dire la frange forestière de laurisilva du versant sud, en particulier dans le secteur du point culminant de l’île le Alto de Garajonay et autour du Roque de Agando. Ce sera certainement dans ces secteurs, que la récupération va prendre le plus de temps.
Mais malgré tout, là aussi l’optimisme est de mise, le retour des pluies et des brumes, après près de trois ans d’une sècheresse sans précédent, permettent déjà en ce début novembre la reprise timide de fougères et autres plantes endémiques des Canaries ou de la Macaronésie.
Les hommes en action
L’homme de son côté est engagé à marche forcée aux côtés de dame nature, l’objectif premier avec l’arrivée des pluies est de stabiliser le maximum de terrains brulés et éviter la perte des sols par lessivage. Dans les secteurs les plus gravement brulés, on peut observer des équipes de forestiers au travail, créant des terrasses à l’aide des troncs calcinés, les remplissant de terre comme pour mieux cultiver et reverdir « le monte verde », si cher au cœur des gomeros.
Même énergie sur les sentiers de randonnées où l’on a déjà remplacé les barrières de protection et les marches en rondins détruites par le feu.
A ce jour seuls les sentiers n°14 et 17 du Parc national de Garajonay sont encore fermés pour travaux, mais l’accès au Alto de Garajonay reste toujours possible depuis la piste qui démarre au Alto de Contadero. On circule donc parfaitement à pied dans toute l’île.
Ici tout le monde se mobilise à l’exemple de la souscription lancée par une compagnie de ferry pour le versement de 1€ par traversée, des fonds directement versés pour financer le vaste chantier de restauration pour « el monte ».
Côté population locale, l’optimisme est là aussi de mise avec ces pluies d’automne qui tombent à point nommé, tous savent que ce printemps la Gomera sera un paradis et se couvrira à nouveau de milliers de fleurs.
Amoureux de la randonnée et de la nature, rien ne s’oppose donc à un voyage en terre gomerienne et je vous invite donc, sans plus tarder à découvrir l’île de La Gomera.
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